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Sortir du cinéma

 
Éditions Manco, 2013
Format 17x24 cm
272 pages
 

Si le cinéma s’est affirmé comme technique et comme référence pendant plusieurs décennies, il n’est plus un art aujourd’hui qui ne peut s’intéresser qu’à sa seule histoire. Il est une fenêtre parmi d’autres sur l’écran de l’ordinateur qui doit composer avec les autres arts. Son exposition de plus en plus fréquente hors de la salle de projection déplace le lieu de sa propre définition. Quelle est la nature de cette transformation ? Sommes-nous à jamais sortis du cinéma ?

Rarement pensé dans son actualité, mais dans sa puissance, le cinéma n’est pas un art. Il le sera, dit-on, s’il sait contourner les obstacles du récit, du théâtre, du parlant, du commerce, de la couleur, de la télévision, du numérique. Promesse jamais tenue, toujours reconduite, qui engage une temporalité de nature prophétique. La question de la relation du cinéma aux arts doit être pensée sous le biais de ce lien temporel paradoxal qui se conjugue au futur antérieur.

Sortir du cinéma explore les relations de l’art et du cinéma en étudiant ce qui n’a pas eu lieu, ce qui aurait pu avoir lieu, ce qui est resté sans suite, ce qui a été oublié, ce qui est devenu une pure virtualité. À la manière d’une contre-histoire, à rebours, ce livre privilégie les figures oubliées, les impasses, les seuils, les trous noirs, les fantômes, les rencontres sans suite, les anachronismes.

Qu’en est-il du film de Hans Richter et Georges Méliès consacré au baron de Münchhausen ? Jean Epstein a-t-il lu Maya Deren ? Quand le cinéma est-il entré au musée pour la première fois ? Godard est-il surréaliste ? Joseph Cornell est-il un commissaire d’exposition ? Fluxus se présente-t-il comme une suite critique des films de Laurel et Hardy ? Orson Welles et Nicholas Ray sont-ils des artistes contemporains ? Le cinéma d’exposition est-il une anagramme du cinéma ?

Cette enquête, au sens borgésien du terme, sur les relations virtuelles entre l’art et le cinéma, suppose un mode d’exposition dramatique qui ménage des  tableaux et des scènes, qui fasse usage des figures de la rhétorique et de la prosopopée. Car il s’agit ici d’une métahistoire du film pour laquelle « donner une description précise de ce qui ne s’est jamais passé », selon Oscar Wilde s’annonce comme la tâche primordiale de l’historien.