Tohu-Bohu
NOTE
Je filme mon fils, Félix, depuis sa naissance en 1997, courant dans l’herbe, jouant dans les vagues, regardant la caméra, dessinant. Les trois premiers films, réalisés en 16 mm, s’intitulent le Calcul du sujet (2000), Oh oh oh ! (2002) et la Belle Étoile (2004). Ce sont des films de plein air, sur le motif, silencieux, ponctués de noirs et de paysages, assez fidèles au cinéma des frères Lumière, à la lisière du documentaire et du film de famille. C’est un travail originel, radical (proche de la racine). Je souhaite forger des plans qui soient premiers, au sens arithmétique : divisibles par un ou par eux-mêmes. Lisses comme des galets, insécables, sans faille. Dont la succession, à la manière des nombres, ménage des intervalles arbitraires. Le film déroule une suite de plans premiers. La croissance en est sans doute le motif principal.
Conçu au départ comme un travail strictement privé, proche du film de famille, ces films ont suscité un vif intérêt dans le champ du cinéma documentaire. Sans doute l’écart entre le film de famille et l’objet documentaire — le privé et le public — se retrouve-t-il dans le film lui-même. Ce dernier est partagé entre sa prédilection pour l’expérience de la première fois (marcher, se tenir debout, sauter, traverser une vague, dessiner, regarder la caméra) et l’effacement prévisible des souvenirs qu’il cherche à conjurer à la manière d’une vanité. L’expérience de la première fois ne s’accompagne-t-elle pas, paradoxalement, d’un sentiment de déjà-vu ?
Conçu au départ comme un travail strictement privé, proche du film de famille, ces films ont suscité un vif intérêt dans le champ du cinéma documentaire. Sans doute l’écart entre le film de famille et l’objet documentaire — le privé et le public — se retrouve-t-il dans le film lui-même. Ce dernier est partagé entre sa prédilection pour l’expérience de la première fois (marcher, se tenir debout, sauter, traverser une vague, dessiner, regarder la caméra) et l’effacement prévisible des souvenirs qu’il cherche à conjurer à la manière d’une vanité. L’expérience de la première fois ne s’accompagne-t-elle pas, paradoxalement, d’un sentiment de déjà-vu ?
Érik Bullot, 2008
Tohu-Bohu
vidéo numérique couleur – 17 min – 2008
Journal filmé 4 – 2004-2007
Au rythme des saisons et des voyages, de manière discontinue et fragmentaire, ce film est le quatrième opus d’un journal filmé qui suit les pas d’un enfant, Félix, de l’âge de sept à dix ans.
Image, montage, réalisation : Érik Bullot
Mixage : Mikaël Barre
Musique : Érik Satie
Avec Félix Bullot et Catherine Malabou
Tourné en Limousin, à Riez, New York, Chicago, Sant Pol de Mar, Berkeley.
Projections • Programme pointligneplan, Centre Georges Pompidou, Paris, 2008 • MICEC 08, Barcelone, Espagne, 2008 • Festival Côté court, compétition expérimentale, Pantin, 2008 • Fid, Festival international du documentaire, Écran parallèle (Les Sentiers), Marseille, 2008 • Lucca Film Festival (sélection), Italie, 2008 • Biennale libre de l'image en mouvement, Genève, 2009 • La Enana Marrón, Madrid, Espagne, 2009 • Festival Les Inattendus, Lyon, 2009 • Musée d'art moderne (MAMBA), Buenos Aires, Argentine, 2016 • Cineteca nacional de Chile, Santiago, 2018.