Faux amis
Par ces différents jeux poétiques et visuels, le film rend également hommage à la tradition du film structurel américain grâce à la présence tutélaire de Tony Conrad qui improvise un discours sur l’amitié et ses faux-semblants.
Au cours d'une performance, le poète Steve McCaffery lit son poème Panopticon et multiplie les intrigues et les écarts entre parole, écriture et silence. Regarder. Regarder et observer. Observer le mot lecture. Lire le mot lecture. Regarder l’image du mot lire. Lire le mot image. Les mots se substituent volontiers à l’image. Le film est devenu un alphabet, un glossaire, une anthologie poétique, un traité grammatical. Le cinéma est-il entré dans la demeure du verbe, pour reprendre la formule d’Hollis Frampton ?
Érik Bullot, mars 2012
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Une image vaut-elle mille mots ? Pas dans Faux amis qui investit les glissements de sens de l’anglais au français, du français à l’anglais à partir des mots ainsi dénommés en français “faux amis”. Le plaisir du verbe guide cet essai aussi bref que facétieux, verbe qui se décline sous toutes les coutures, de l’exercice grammatical au dire performatif. Faux amis rend hommage au langage en s’autorisant tous les écarts. La communauté que réunit ici Erik Bullot, étudiants, poètes, amis, performe ainsi joyeusement les homonymies et les différences. Dans un cadre faussement studieux, répétition, substitution, variation sont les opérations linguistiques d’où s’échappent la poésie et la musique comme entreprise de libération des mots.
Claire Lasolle, présentation pour le site Tënk